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Paralympiques : changer le regard sur le handicap

Lorsqu’une parenthèse enchantée s’ouvre, le penchant naturel consiste à vouloir la faire durer le plus longtemps possible. Les Français vont avoir l’occasion de prolonger celle des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, qui ont suscité une ferveur et un enthousiasme communicatifs, avec les XVIIes Jeux paralympiques, jusqu’au 8 septembre. Sans reproduire l’effet de souffle de la cérémonie d’ouverture du 26 juillet sur la Seine, celle organisée mercredi 28 août entre l’Arc de triomphe et la place de la Concorde constitue une rampe de lancement idéale pour ce qui s’annonce comme l’événement handisport le plus spectaculaire jamais organisé.
Les JO de Paris 2024, salués dans le monde entier pour leur audace et une organisation exemplaire, offrent une occasion unique de s’appuyer sur cet enthousiasme pour faire progresser la prise en compte du handicap dans la société. Ces Jeux paralympiques doivent se concevoir comme un prolongement naturel des JO. Si les acteurs changent, le décor reste le même, avec des compétitions organisées au cœur même de la ville, au pied de monuments emblématiques. Ce cadre magique a les atouts pour entretenir la flamme allumée il y a un peu plus d’un mois.
Les 2 millions de billets vendus à ce jour, en grande majorité à des spectateurs français, ainsi qu’une couverture audiovisuelle du service public trois fois plus importante qu’aux Jeux de Tokyo, sont de nature à permettre de changer le regard porté sur le handicap en France. Pendant ces dix jours, il ne sera pas seulement question de records, de médailles et d’exploits sportifs, mais aussi et surtout d’inciter à améliorer la prise en compte des besoins de cette part de la population trop souvent oubliée.
Dans ce domaine, la France a accumulé un retard regrettable. En 2021, un rapport de l’ONU avait souligné l’insuffisance des efforts faits par notre pays en matière d’accessibilité. Les chantiers liés à l’organisation des JO ont amorcé une amélioration avec de nouvelles lignes de transport, la mise aux normes de dizaines de gare, ainsi que des aménagements urbains adaptés au handicap. Malgré tout, le défi pour le réseau francilien reste immense, avec certains tronçons conçus il y a plus d’un siècle. La proposition de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, de lancer un grand plan pour rendre le métro parisien plus inclusif est louable mais particulièrement ambitieuse.
Au-delà des transports, les problèmes quotidiens rencontrés par les personnes handicapées restent nombreux : scolarisation, discrimination à l’embauche, capacité d’accueil insuffisante dans les établissements médico-sociaux. Les Paralympiques doivent contribuer à une prise de conscience que ces difficultés sont des anomalies et doivent être rapidement corrigées.
Reste enfin l’enjeu de l’accès à la pratique sportive pour les handicapés. Les possibilités de pratiquer en club et le nombre d’infrastructures spécialisées capables d’accueillir des personnes avec des handicaps plus lourds restent insuffisants. A défaut d’une culture d’inclusion suffisamment développée, les a priori et les peurs vis-à-vis de la différence restent prégnants. Ces Jeux peuvent faire bouger les lignes, même s’il faut garder à l’esprit qu’après les Jeux de Londres de 2012, la pratique sportive des personnes porteuses de handicap avait augmenté, avant de revenir à son niveau initial. Leur accompagnement ne doit pas être une parenthèse que l’on referme une fois les Jeux terminés.
Retrouvez tous les contenus sur les Jeux paralympiques ici.
Le Monde

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